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"Voici l'Homme"

"Voici l'Homme"

Eros et Agapè - P. Cantalamessa

Publié par Emilie sur 3 Janvier 2013, 10:09am

Catégories : #Eros, #Agape, #amour, #corps, #âme

Eros et Agapè - P. Cantalamessa

Pour faire suite au dernier article, voici quelques extraits d’une très belle prédication du père R. Cantalamessa (franciscain !, prédicateur de la Maison pontificale) au sujet de l’Eros et de l’Agapè, de notre amour qui doit unir le corps et l’âme. Un thème particulièrement important pour notre temps (et notre vie de foi).

« L’amour souffre d’une séparation néfaste pas seulement dans la mentalité du monde sécularisé, mais aussi, à l’opposé, parmi les croyants et, en particulier, les âmes consacrées. En simplifiant au maximum, on pourrait formuler ainsi la situation : dans le monde, on trouve un eros sans agapè ; et, parmi les croyants, on trouve souvent un agapè sans eros.

L’eros sans agapè est un amour romantique, le plus souvent passionnel, jusqu’à la violence. Un amour de conquête, qui réduit fatalement l’autre à l’objet de son plaisir et ignore toute dimension de sacrifice, de fidélité et de don de soi. […] C’est ce que le langage courant entend, désormais, par le mot « amour ». […]

Il nous est plus utile de chercher à comprendre ce que l’ont entend par agapè sans eros. En musique, il existe une distinction qui peut nous aider à nous faire une idée : celle entre le jazz hot et le jazz cool. […] Le jazz hot (chaud, brûlant) est le jazz passionné, brûlant, expressif, fait d’élans, de sentiments et donc d’emportements, d’improvisations originales. Le jazz cool (froid) est le jazz qui est passé au professionnalisme : les sentiments deviennent répétitifs, l’inspiration fait place à la technique, la spontanéité à la virtuosité. Si l’on s’en tient à cette distinction, l’agapè sans eros nous apparaît comme un « amour froid », un aimer « en surface », sans participation de tout l’être, davantage imposé par la volonté que venant d’un élan intime du cœur. Se couler dans un moule préétabli, au lieu de s’en créer un unique, comme est unique chaque être humain devant Dieu. Les actes d’amour envers Dieu font penser à ceux de certains amoureux qui écrivent à l’aimée des lettres copiées dans un guide. Si l’amour mondain est un corps sans âme, l’amour religieux vécu de la sorte est une âme sans corps. L’être humain n’est pas un ange, un pur esprit ; il est âme et corps substantiellement unis : tout ce qu’il fait, y compris aimer, doit refléter cette structure. […]

Nous avons donc une double raison, et une double urgence, de redécouvrir l’amour dans son unité originelle. […]

Si eros signifie élan, désir, attraction, nous ne devons pas avoir peur des sentiments et encore moins les mépriser et les réprimer. […]

Que signifie tout cela pour l’amour de Dieu ? Que le premier objet de notre eros, de notre quête, de notre désir, attraction, passion, doit être le Christ. […]

Il est vrai qu’on ne voit pas le Christ non plus, mais il est là ; il est ressuscité, il est vivant, il est à nos côtés ; sa présence est plus réelle que celle de l’époux le plus amoureux aux côtés de son épouse. […] Je dois penser au Christ non comme une personne du passé, mais comme au Seigneur ressuscité et vivant, avec qui je peux parler, que je peux aussi embrasser si je le désire, sûr que mon baiser ne finira pas sur le papier ou le bois d’un crucifix mais sur un visage et des lèvres de chair vivante (même si elle est spiritualisée), heureux de recevoir mon baiser. […]

L’amour que nous donnons au Christ est son propre amour pour nous que nous lui renvoyons, comme l’écho fait avec la voix […] L’écho renvoie à Dieu son propre amour, mais enrichi, coloré et parfumé de nos liberté. Et c’est exactement ce qu’il veut. »

Extraits : Les deux visages de l’amour : Eros et Agapè

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