O mort où est ta victoire ?

« O mort, où est ta victoire ? »

Ce soir, sous les voûtes de la cathédrale, il m’a fallu lire ces mots de Paul. Machinalement, d’abord. Et puis, un léger sursaut en prenant conscience de ces mots.

« O mort », c’est à toi que je m’adresse. Je sais qui tu es. Je te côtois souvent. Je connais les marques de ta venue, les marques de ta présence. Je connais ta pesanteur sur notre chair. Je connais ton parfum et ton râle. Je connais ton pas. Il me terrifie … Je serais insensée de dire l’inverse.

Un jour, quelqu’un m’a demandé ce que cela changeait pour moi de travailler à tes côtés. Elle espérait que je lui réponde que cela avait apaisé mes peurs, que cela te rendait plus douce. Comme si je pouvais – ou voulais – t’apprivoiser ! Tu ne seras jamais douce, non. Et nous ne serons jamais amies. Mais éternellement ennemies, éternellement inconciliables. Car je suis faite pour la Vie et tout me révolte en toi. Tout me terrifie, aussi. Je ne t’accepterai jamais et tout continuera de se révolter en moi contre toi.

Ce soir, en prononçant ces mots, debout dans la semi obscurité de cette cathédrale, je repense à Mme X que j’ai vu ce matin. A son corps dévasté par ta présence. A la violence de cette vision. A la violence de cette réalité, et à ce qu’elle éprouve de mon espérance. A la violence du coup que tu me portes – que tu nous portes – dès que tu te manifestes en l’Autre.  

Et pourtant, je refuse de rendre les armes. C’est la raison pour laquelle je me trouve dans ces couloirs et dans ces chambres depuis six ans. J’ai une idée un peu prétentieuse en tête depuis le début, je dois l’avouer : me tenir à la limite, debout – comme ce soir – et te demander :

« O mort, où est ta victoire ? ».